Un accord passé en 2019 entre l’Etat et les acteurs de la filière auto (constructeurs, garages, industriels) a donné lieu à la création d’un dispositif de collecte et traitement à destination des agriculteurs qui souhaitent se débarrasser des vieux pneus disposés sur les bâches d’ensilage afin de les fixer au sol.
Le pneu, outil de maintien de la bâche d’ensilage
Le bon vieux pneu n’est plus franchement en odeur de sainteté dans les exploitations agricoles : pendant des décennies, il a fait office d’équipement de première main pour les éleveurs qui cherchaient une solution bon marché pour lester leur bâche d’ensilage sur leur fourrage.
En 2006, une étude de l’Ademe avait estimé leur volume dans l’ensemble des fermes françaises à quelque 900 000 tonnes. Or l’impact sanitaire de ces matériels composés de gomme de caoutchouc, de substances chimiques et d’armature métalliques, surtout chez les bovins qui en ingèrent les débris lorsqu’ils broutent le foin, ont été mis en évidence par les milieux scientifiques et les défenseurs de la cause animale.
Un constat qui a conduit l’État à réagir en 2019, date à laquelle un accord passé entre le ministère de la Transition écologique et solidaire, celui de l’agriculture et de l’alimentation, et les différents acteurs de la filière pneumatique a été signé : il prévoyait notamment la mise en place d’un système de collecte et de traitement, géré par une société baptisée Ensivalor, pour permettre aux agriculteurs de se débarrasser à moindre coût de ces pneus usagés et les rediriger vers un centre de revalorisation.
Dans les faits, ces exploitants ont, encore aujourd’hui, toujours le droit de recourir à ces équipements pour stabiliser leur bâche d’ensilage mais la loi leur interdit en revanche d’en acquérir de nouveaux, et ce depuis plus de six ans (voir décret n° 2015-1003 du 18 août 2015).
Quelles alternatives au pneu ?
En vertu de l’« Accord volontaire de la filière pneumatique pour une économie circulaire et la réduction des impacts environnementaux », les fabricants, distributeurs et réparateurs de pneus, auprès desquels les agriculteurs avaient l’habitude de s’approvisionner, ont annoncé vouloir en collecter une quantité annuelle de 15 000 tonnes maximum, soit environ 2,3 millions d’unités en stock. Dans un premier temps, seuls étaient concernés par cette procédure « les exploitants qui cessent leur activité », puis « ceux qui s’étaient engagé à remplacer ces pneus par l’une des techniques validées » par l’Ademe.
Parmi ces nouveaux procédés, l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie avait plus particulièrement préconisé l’utilisation de « sacs à silo en forme de boudin » pour recouvrir les bâches de 150 µm. Elle avait aussi recommandé le recours à des tapis de caoutchouc, des filets de protection consolidés par des sacs à silo, une géomembrane « collée contre le silo », ou encore un géotextile.
Fin 2019, l’association Robin des Bois, signataire de l’accord conclu en juillet de cette même année, avait estimé entre 400 000 et 600 000 tonnes le volume de déchets pneumatiques au sein des exploitations françaises, principalement dans le Sud-Ouest, le Centre, la Normandie et la Bretagne.